Pourquoi les préjugés de genre sont-ils difficiles à éradiquer même si nous avons de fortes idéaux d'égalité entre les sexes?
Les neurosciences nous disent qu'il y a un décalage entre les idéaux (représentés dans le cerveau moral) et nos connaissances sur le monde, qui reflètent ce que nous transmettent les médias, la publicité, les livres scolaires, la politique, le monde extérieur. Le cerveau, en particulier le cortex préfrontal médian, conserve à la fois des informations apprises de manière déclarative (apprises verbalement) et celles apparemment contraires, mais visibles dans la réalité quotidienne, et les utilise pour réguler son propre comportement et prendre des décisions.
La représentation des femmes dans le langage quotidien et dans les médias est aujourd'hui inadéquate par rapport au rôle qu'elles jouent dans la société.
Même en relation avec les changements liés au nouveau statut des femmes, le langage joue un rôle discriminatoire au lieu d'être un outil d'intégration des différences, indispensable pour favoriser et reconnaître les changements culturels. Connaître la fonction du langage dans la construction de l'identité de genre, acquérir les connaissances permettant une utilisation responsable et consciente, représente en revanche l'une des compétences indispensables à la formation d'une citoyenneté démocratique et d'un espace public inclusif.
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Alice Mado Proverbio , Neurobiologiste, enseigne les "Neurosciences Sociales et Affectives" à l'Université de Milan-Bicocca et dirige le laboratoire d'électrophysiologie cognitive de l'Université milanaise depuis sa fondation
Préjugés de genre sont difficiles à mourir même si nous avons de forts idéaux d'égalité entre les sexes et nous ne sommes pas du tout "machistes". Pourquoi? Les neurosciences nous disent qu'il y a un décalage entre les idéaux (représentés dans le cerveau moral) et nos connaissances sur le monde, qui reflètent ce que les médias, l'école, le monde extérieur nous transmettent. Pourquoi quand nous apprenons une information qui va à l'encontre des clichés de genre communs (par exemple que le commandant des forces armées est une femme) nous ressentons quand même un sentiment de surprise (aussi agréable soit-il)? Un rôle clé à cet égard est joué par le cortex préfrontal médian, qui représente les préjugés, y compris ceux de genre.
Pourquoi est-il important de vérifier qu'il n'y a pas de biais de genre implicites (gender bias) dans les publicités, les manuels scolaires, les mots utilisés par les dirigeants politiques, les autorités, les figures d'autorité, les enseignants, les parents?
Parce que ce n'est pas seulement ce qui est enseigné verbalement qui compte, mais aussi ce qui est montré par l'exemple, l'iconographie, l'habillement, le langage corporel, les coutumes, les contenus cinématographiques et les coutumes que nous adoptons inconsciemment? Les neurosciences nous disent que le cerveau apprend et conserve à la fois des informations apprises de manière déclarative (apprises verbalement) et celles qui semblent être opposées, mais visibles dans la réalité quotidienne, et les utilise pour réguler son propre comportement et prendre des décisions. Pour construire notre identité et façonner nos aspirations, nos sécurités et nos faiblesses, le sens de qui nous sommes. Si la figure féminine est constamment représentée comme délicate et docile, dotée de peu de force et de capacités managériales, ces informations feront partie de la sémantique, tout comme la notion que la glace est froide et le feu est chaud.
Dans notre laboratoire, nous sommes en mesure de mesurer les réponses bioélectriques cérébrales au préjugé, chez des personnes totalement progressistes et ayant des idéaux d'égalité, ce qui met en évidence comment la sémantique déformée par le préjugé, une fois établie précocement, a des racines profondes dans notre cerveau. Mais cela peut être changé.
Cecilia Robustelli, Linguiste, enseigne à l'Université de Modène et Reggio Emilia et collabore avec l'Accademia della Crusca et le MIUR.
La représentation des femmes dans la société contemporaine apparaît inadéquate au nouveau rôle qu'elles ont assumé depuis la seconde moitié du siècle dernier. Le langage quotidien et des médias reconnaît seulement occasionnellement la présence des femmes, en donnant une image stéréotypée et liée à des modèles culturels du passé, identifiant et renforçant ainsi une culture qui résiste au changement et tend à devenir intolérante. Le langage passe alors à ne plus jouer le rôle de puissant outil d'inclusion et d'intégration des différences, nécessaire pour favoriser et reconnaître les changements culturels, y compris ceux liés au nouveau statut des femmes, mais de discrimination, ouvrant ainsi la voie à la violence de genre. Comprendre la fonction du langage dans la construction de l'identité de genre, acquérir les connaissances permettant une utilisation responsable et consciente, représente en revanche l'une des compétences essentielles à la formation d'une citoyenneté démocratique et d'un espace public inclusif, capable d'accueillir les différences, qu'elles soient de genre, culturelles, linguistiques, d'orientation sexuelle, sans les transformer en diversité.